Thomas MANN, La Montagne magique

Le Livre de poche Biblio Édition du 05 août 2020

Retraduction de l’allemand de 2016, annoté et postfacé par Claire de Oliveira

1172 pages

Ma composition avec la statue d’un Thomas Mann nous transmettant son œuvre.

En 1912 Thomas Mann rejoint sa femme Katia souffrant d’une maladie pulmonaire au sanatorium de Davos. Il écrira La Montagne magique à partir de leurs observations communes. Thomas Mann va devoir prolonger son séjour tout comme Hans Castorp, le jeune homme du livre qui se substitue à l’auteur dans cet épais volume largement autobiographique. L’écriture de ce roman lui prendra 12 ans. Publié en 1924, le prix Nobel lui est attribué en 1929. Les thèmes, 110 ans plus tard restent d’actualité : une période d’incertitude mondiale (économique et climatique de nos jours), une maladie qui sème la mort (pas le coronavirus mais la redoutable tuberculose alors qu’il faudra attendre les années 1940 pour disposer de traitements antibiotiques).

Le livre comporte sept grands chapitres. Les débats d’idées entre les personnages reflètent l’indécision de Thomas Mann d’abord acquis aux idées impériales, évoluant vers une pensée libérale. C’est passionnant de faire la liste des éléments qui concourent à faire de ce livre un vrai chef-d’œuvre de littérature : une période charnière avec la guerre qui va bientôt éclater et devenir mondiale, recomposant l’Europe et par là le monde entier ; la personnalité de l’auteur, issu de la grande bourgeoisie par son père, avec une mère d’origine latine portée sur les arts ; le talent évident, impressionnant, de Thomas Mann, écrivain hors pair féru de philosophie, passionné de musique. Enfin le privilège de découvrir cette œuvre dans une nouvelle traduction dont il a été dit qu’elle constitue un nouveau souffle, un réenchantement du texte (Le Monde). La seule auparavant était due à Maurice Betz réalisée, semble-t-il, dans l’urgence en 1931. Oui, c’est bien une montagne, un Everest de la littérature et surtout ne pas avoir peur comme moi au départ du pavé, ouvert bien longtemps après l’achat… J’ai tourné quelques pages et ensuite je n’avais qu’une hâte, celle de poursuivre ma lecture jusqu’à la postface donnant de précieuses indications pour mieux comprendre ce roman d’ambition encyclopédique et philosophique.

Quelques mots sur l’histoire à laquelle viendra se fondre de multiples développements. Tout commence par la visite de Hans Castorp à son cousin Joachim au luxueux sanatorium de Berghof, près de Davos en Suisse. Il compte en profiter pour se reposer avant d’entrer dans la vie active après ses études d’ingénieur. Destiné à une carrière scientifique tout en étant d’un caractère distrait, rêveur, nonchalant, il va trouver « en haut », comme est désigné ce lieu particulier, en dehors de la société, dite « de la plaine », un endroit romanesque qui va l’étonner, l’amuser et finalement le retenir bien plus longtemps que les trois semaines prévues au départ. Ces premières semaines de Hans Castorp vont quand même occuper trois cents pages, soit une petite centaine par semaine… Et je ne me suis jamais impatienté. Le jeune homme trouve là un lieu privilégié pour étancher sa soif de connaissance, lui qui n’est fixé sur rien, lui le « naïf et fragile enfant de la vie », comme le nomme le directeur du sanatorium, le fameux et truculent docteur Behrens.

Le roman connaît un brusque emballement quand Hans, sous l’effet de l’alcool et de la désinhibition due à son installation durable « en-haut », aborde Clavdia, cette Mme Chauchat de « la bonne table russe », pour lui demander un crayon (tout comme il avait fait avec ce camarade de classe Pribislav dont il retrouve les yeux kirghizes et l’attirance chez Clavdia…). S’en suit un long dialogue en français avant qu’elle ne lui annonce son départ le lendemain. Mais le temps a perdu de sa consistance, la riche clientèle de cet établissement de luxe revient régulièrement en cure, sauf si le destin en juge autrement et ce n’est rien de dire que la mort est banale « en haut ». L’histoire d’amour, passionnée, romantique et impossible, va connaître une suite. Elle est un fil de trame tout au long du récit, bienvenu, permettant d’alléger l’ensemble.

« Le tilleul » de Franz Schubert, extrait du voyage d’hiver (Winterreise) par Ernst Haefliger et Jörg Ewald Dähler.
Ce morceau tient une grande place à la fin du roman.
« La voix du ténor lumineuse et chaude, à la respiration savante, aux sobres sanglots, percevait sa beauté avec une telle subtilité qu’elle empoignait l’auditeur à l’improviste, d’autant que l’artiste savait intensifier ses effets par des notes de tête d’une ardeur inouïe… »

La deuxième moitié du roman est plus philosophique. Les personnages importants deviennent bavards et échangent des arguments souvent tortueux. Thomas Mann sait manier l’humour et l’ironie ! Difficile parfois de comprendre les méandres de raisonnements mélangeant religion, croyances anciennes, mythologies diverses… Place à Settembrini, libre penseur, influencé par les Lumières, franc-maçon et beau parleur, à Naphta, jésuite obscurantiste à la rhétorique redoutable et enfin à l’excentrique Mynheer Peeperkorn ayant du mal à finir ses phrases (mais d’un charisme certain, une sorte de Bacchus ou Balzac…).

Thomas Mann tient le récit, il est dieu ou sorcier éteignant, allumant la lumière, distillant le récit à sa convenance. Maître du verbe il fait apparaître ou disparaître tel ou tel personnage, tel ou tel thème, freinant le récit ou l’accélérant subitement. Je comprends maintenant pourquoi on l’a surnommé le magicien et qu’il prenne autant de plaisir à décrire une scène de spiritisme.

Hans va trouver sa place au sanatorium de Berghof, au point de ne plus vouloir revenir « en-bas ». Le restaurant devient un lieu familier où tout le monde se rassemble quatre à cinq fois par jour et s’observe sans le montrer. Les places sont immuables et désignées selon ses occupants (Ah, l’arrivée de Clavdia, en retard et qui claque la porte à chaque fois…). Commence alors pour lui une éducation tout à fait nouvelle basée sur l’observation de la nature, la science, l’expérimentation, l’art de la réflexion, la musique… Ce personnage principal est comparé dans la postface au Candide de Voltaire, ce qui dit quelque chose sur l’importance du texte.

Thomas Mann n’hésite pas à présenter les différentes séquences et avertit le lecteur sous forme de longs développements sur la notion de temps. Il y revient régulièrement avant de passer la narration à Hans.

« On assistait à tout cela : l’espace était aboli, le temps repoussé, le « là-bas«  et l’ « autrefois«  transformés en « ici-et-maintenant«  dont les simulacres filaient au gré de la musique. »

Le haut, c’est la position de l’écrivain qui a tout loisir d’observer une société concentrée sur la mort très présente et sur la vie dont il faut profiter. Les freins sont mis peu à peu de côté par Hans Castorp qui, très effacé derrière son cousin au départ, va vite prendre l’ascendant. Le sanatorium est l’endroit idéal pour philosopher sur la liberté, la mort, les plaisirs de la vie, les sciences, le temps ! Hans y trouve finalement son compte, l’avenir qui lui était tracé en bas, dans la plaine, dans la vie active selon la formule actuelle, avec ses normes, ne lui convenait pas. C’est toute la trajectoire de Thomas Mann qui est décrite dans cette Montagne magique. Formidable œuvre s’adossant au classicisme allemand avec tous ses artistes, dieux sur l’Olympe des arts en passe d’être engloutis par deux terribles guerres. L’auteur développe les formidables conflits d’idées sans se prononcer nettement. L’enfer promis par Naphta et les forces du mal vont-elles balayer les forces de vie ? La première guerre mondiale et ses terribles conséquences arrivent alors, la réalité se rappelle à Hans et met fin à ses explorations d’artiste retranché dans les sommets.

La Montagne magique m’a fasciné. Avant d’atteindre le sommet on a parcouru le classicisme avec sa lutte entre le païen et le religieux et le romantisme. Après avoir passé ce sommet, se joue le saut dans l’inconnu d’un monde remanié par les guerres mondiales et la technologie. Le thème du temps est primordial, c’est l’homme dans toute sa longue histoire qui est radiographié ici, l’extérieur avec une observation quasi psychanalytique et l’intérieur, puisque la technique permet depuis peu de voir les organes sans ouvrir le corps humain, sans le détruire, chose impensable depuis l’arrivée de l’homme il y a plusieurs millions d’années. Incroyable procédé littéraire : les amants, Hans et Clavdia, malades tous les deux, s’échangent leur portrait intérieur !!!, des petites plaques de verre où se dessinent en clair-obscur, leurs organes vitaux dans leur fragilité extrême… leurs radiographies pulmonaires ! Le fragile enfant de la vie, n’est-ce pas l’homme soumis à tous les beaux parleurs, tous les possibles et à son corps dont les organes peuvent à tout moment lui dire stop. Et pourtant comme le conseil Settembrini, mieux vaut lire le journal car la réalité extérieure s’impose en fin de compte. Avis au lecteur ! D’ailleurs Thomas Mann ne se privera pas d’intervenir quand le nazisme voudra le faire taire et le contraindra à l’exil…

J’ai envie de rapporter les propos de l’auteur, affirmant en 1925, peu après la parution de La Montagne magique : « Si j’ai un souhait pour la renommée posthume de mon œuvre, c’est que l’on puisse en dire qu’elle aime la vie, même si elle est au fait de la mort. Oui, elle est liée à la mort. Oui, elle est liée à la mort, elle est renseignée à son sujet, mais elle veut du bien à la vie. »

J’ai beaucoup aimé ce livre. En cette période hivernale je retiens le chapitre où Hans se perd en montagne. Ce chapitre Neige, page 717 du livre, est un véritable poème en prose que je relirai souvent, il est fabuleux !!!! J’en donne un petit extrait dans les deux traductions après les citations…

Notes avis Bibliofeel janvier 2022, Thomas Mann, La Montagne magique

Autres citations :

 « J’ai toujours l’impression qu’il ne se préoccupe pas uniquement de ses théories, qui sont peut-être secondaires ; il tient surtout à parler, à faire jaillir et rouler des mots aussi souples que des ballons en caoutchouc, et il est loin de trouver désagréable qu’on y prête une attention particulière. »

« Et ils auraient également dû l’entendre, ce Carducci, interpréter Dante, célébrer en lui le citoyen d’une grande ville, le défenseur de l’énergie révolutionnaire et progressiste, contre l’ascétisme et la négation du monde. »

« Bah, votre cousin, lui, saura nous apprécier d’avantage, il s’amusera sûrement. D’autant qu’on ne manque pas de dames, nous en avons de tout à fait charmantes. Certaines sont ravissantes, du moins de l’extérieur. »

« Et, de même, la politique avait partie liée avec elle, ou plutôt elle procédait de l’alliance, de l’union entre l’humanité et la littérature, les beaux mots engendrant de beaux actes. »

« Vue comme une puissance spirituelle autonome, la mort est fort dépravée, et la séduction vicieuse qu’elle exerce est d’une force indubitable ; il n’empêche que sympathiser avec elle est, sans conteste, le plus monstrueux égarement de l’esprit humain. »

 « Le temps ignore en fait les découpages, et il n’y a ni grondements ni fanfares au début d’un nouveau mois ou d’une nouvelle année ; on beau tirer le canon ou carillonner à l’aube d’un nouveau siècle, ce sont nous, les hommes, qui le faisons. »

Comparaison du texte original avec les deux traductions : extrait du chapitre « Neige » :

Texte d’origine en allemand

« Draußen war das trübe Nichts, die Welt in grauweiße Watte, die gegen die Scheiben drängte, in Schneequalm und Nebeldunst dicht verpackt. Unsichtbar das Gebirge; vom nächsten Nadelholz allenfalls mit der Zeit ein wenig zu sehen: beladen stand es, verlor sich rasch im Gebräu, und dann und wann entlud eine Fichte sich ihrer Überlast, schüttelte stäubendes Weiß ins Grau. »

Traduction de 1931 due à Maurice Betz :

« Dehors était le néant gris, le monde plongé dans une ouate blafarde qui se pressait contre les vitres, comme emballé dans la vapeur des neiges et dans le brouillard. Invisible, la montagne ; tout au plus distinguait-on de temps en temps quelque chose des sapins les plus proches ; ils étaient là, chargés de neige, se perdaient rapidement dans la brume ; et, de temps à autre, un pin, se déchargeant de son excès de poids, répandait dans la grisaille une poussière blanche.

Traduction de 2016 due à Claire de Oliveira :

« Dehors, le néant blafard, le monde emmitouflé dans une ouate gris perle qui se pressait aux vitres, dans des tourbillons neigeux et des brumes. Invisibles, les monts ; à peine si l’on distinguait, peu à peu, des conifères tout proche qui, ployant sous le faix, se perdaient vite dans la bourrasque : de temps à autre, pour se délester de sa surcharge, un épicéa lâchait un blanc poudroiement dans la grisaille. »

La nouvelle version m’apparaît plus musicale, les phrases plus travaillées. Je trouve que le rendu est très différent et en dit long, une fois de plus, sur l’importance de la traduction ! Dans le premier cas descriptif, dans l’autre poétique avec des images qui frappe mon imagination. Dans la postface, la traductrice Claire de Oliveira, écrit : « Restituer en français son écriture  hétérogène implique de faire le grand écart entre des notations triviales, des descriptions poétiques, des observations scientifiques, des réflexions philosophiques et des jeux langagiers d’une certaine complexité. » J’aimerais beaucoup savoir combien de temps lui a pris un tel travail !

Bravo à elle de permettre ainsi une redécouverte magique de cette œuvre magnifique.

J’ai comparé les deux versions en consultant la traduction d’origine de Maurice Betz à partir de ce lien :

https://www.ebooksgratuits.com/html/mann_la_montagne_magique_2.html#_Toc284459759

36 commentaires sur “Thomas MANN, La Montagne magique

  1. Elle est magnifique ta rubrique, Alain. Pour un non moins magnifique roman. Il y a bien longtemps que je n’avais pas lu un aussi beau livre. Du coup, j’ai acheté cette nouvelle traduction. Et je suis prête à le relire.
    Ah, j’ai partagé ton lien sur Facebook.
    Merci à toi pour cette chronique si agréable à lire. Belle semaine et bon mois de février a venir. A bientôt.

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    1. Merci Solène d’avoir partagé le lien. Je suis très impressionné que tu projettes de le relire dans la nouvelle traduction ou peut être des passages particulier car ce n’est pas une petite lecture… Intéressant de connaître tes impressions. Belle semaine également et à bientôt.

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  2. C’est drôle car je suis justement en pleine lecture de cette montagne magique et j’arrive vers la page 800. C’est vrai que le livre est très philosophique et dialogué mais il se passe aussi beaucoup de choses comme la promenade à skis dans la tempête de neige (qui m’a énormément plu). Je suis d’accord que c’est un très beau roman !

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  3. Ta composition (ton image en entête) est vraiment réussie! J’ai lu trois bouquins de HESSE et chaque fois, c’est une aventure. «La montagne magique» sera certainement ma prochaine lecture de cet écrivain au talent immense! Belle chronique!

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    1. Merci pour tes mots concernant la composition photo 😀. Thomas Mann est effectivement un auteur au talent immense. J’ai beaucoup appris avec sa Montagne magique. En attendant ton retour de lecture, mais il faut prendre son temps et savourer. Ce n’est pas tout les jours que l’on aborde un livre de cette envergure !

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  4. Je suis en plein dans cette lecture avec l’ancienne traduction et j’ai plutôt intérêt à ne pas me laisser distraire quand j’y suis plongée… les échanges entre Settembrini et Hans sont délicieux. Et pourtant je ne suis pas du genre à aimer les longs discours. Mais l’auteur arrive à nous captiver et à nous donner envie de continuer la lecture … je suis pressée d’avancer dans le séjour de Hans « là-haut »…
    Merci pour ce bel article très complet.
    Belle semaine

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    1. Merci d’avoir laissé un moment votre lecture pour ce sympathique commentaire. J’ai bien aimé les échanges avec Settembrini, plus de mal avec Naphta et sa rhétorique compliquée. Normal, je ne pense pas qu’il soit bien sympathique pour l’auteur. Bonne lecture ! Je n’ai pas d’inquiétude, c’est génial jusqu’à la dernière page…

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    1. J’espère que ce sera une très forte expérience de lecture comme ça l’a été pour moi. Je suis impatient de lire ton retour même si Thomas Mann joue avec les lecteurs en les retenant dans sa Montagne sans échappatoire possible… Douce prison de neige et de mots 😀.

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  5. J’ai vraiment savouré la façon dont tu décris ce livre. Ta présentation me donne vraiment envie de le lire dans cette traduction actualisée. Être « en haut » et non au niveau « de la plaine » permet de prendre de l’altitude 😉 et pour l’auteur d’aborder des questions fondamentales sur la vie, la maladie, la mort, le présent. J’adore la haute montagne et être en mer. C’est là que je me retrouve pleinement. Ce sont des lieux…magiques! L’imaginaire n’est pas pollué par les infrastructures, les visuels de propagande et le bruit. Dans cette vraie nature, l’on se sent petit et pourtant grandi et fort à la fois. Dans les citations que tu as choisi, j’en retiens deux :
    « …on ne manque pas de dames, nous en avons de tout à fait charmantes. Certaines sont ravissantes, du moins de l’extérieur » 😉 / « … la mort est fort dépravée, et la séduction vicieuse qu’elle exerce est d’une force indubitable ; il n’empêche que sympathiser avec elle est, sans conteste, le plus monstrueux égarement de l’esprit humain. »
    Merci Alain pour ce très bon post. A bientôt!

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    1. C’est un énorme plaisir de lire tes commentaires ! Comme toi, j’aime énormément la montagne et Thomas Mann a une puissance de description phénoménale ! Il a aussi de belles comparaisons concernant la neige et la mer. Il y a bien des chances que tu soit pris par ce récit si jamais tu te lances car ce que tu dis des pollutions, du bruit… se retrouve dans le livre.
      Une petite anecdote : j’ai lu les quelques 1200 pages sur une semaine et quelques jours, ce qui demande de ne pas trop lâcher le livre… Après ma chronique, j’avais encore en tête le chapitre Neige, de la page 717 à 764. Et bien figure toi que j’ai éprouvé le besoin de relire ce chapitre aujourd’hui. Ce récit où Hans part seul à l’aventure à ski, se fait prendre par la tempête, se perd et se réfugie contre le mur extérieur d’une remise à la porte verrouillée, part dans des rêves et des délires… je ne raconte pas tout, quand même… c’est hallucinant. J’ai encore plus apprécié cette deuxième lecture et vraiment vu la montagne comme Hans la voit, skié avec les skis vernis en bois de frêne avec les courroies de cuir et bâtons munis d’une pique en fer et d’une rondelle, pris les virages en télémark comme cela se pratiquait alors, goûté au silence illimité et à la blanche pénombre de la tempête de neige. Seule la bonne, l’exceptionnelle littérature peut réaliser cette magie ! Bonne semaine Alan. A bientôt !

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    1. Merci, j’en suis ravi tellement cette œuvre m’a personnellement enchanté. Le rythme des phrases est superbe dans cette version. Avec les moyens modernes de recherche, il y a de plus en plus de nouvelles traductions intéressantes. Une vraie bonne nouvelle pour les classiques !

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  6. Bonjour,

    Un grand, grand merci pour cette superbe chronique qui donne envie (et pourtant, j’ai peur des pavés !)

    J’ai envie de découvrir Thomas Mann depuis avoir écouté l’excellente série que La Compagnie des œuvres lui a dédiée (https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-auteurs/thomas-mann).

    Merci, aussi, de mettre en avant l’importance de la traduction, un aspect parfois oublié et pourtant primordial lorsque l’on veut plonger dans la littérature d’une culture dont on ne parle pas la langue… J’ai retrouvé le passage en allemand que vous avez proposé en français dans votre chronique, en comparant les deux traductions. La version originale me semble aussi très musicale et plaisante à entendre, même si je n’ai malheureusement pas le niveau pour lire une telle œuvre en allemand…

    De plus, j’aime beaucoup les propos de l’auteur sur l’intrication de la vie et de la mort dans son œuvre, des thèmes fondamentaux, fondateurs et si inséparables l’un de l’autre qu’il semble embrasser avec brio dans « La Montagne magique » !

    À bientôt

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    1. C’est moi qui te remercie pour ce long commentaire si intéressant. Mon avis concernant la traduction est très subjectif, je vais essayer de retrouver le passage en question en allemand afin de comparer avec les deux traductions. Sur quelques phrases mon petit niveau d’allemand pourrait être suffisant. J’ai écouté cette série d’émissions sur Thomas Mann. Elle ont contribué à me donner envie de le découvrir, aussi les échanges par mail que j’ai pu avoir avec Patrick Schindler, l’auteur de Klaus Mann, Le vain Icare. Je ne vais pas m’arrêter là et compte bien lire Mort à Venise, découvrir également les écrits d’Erika Mann.
      Un grand merci pour cet échange. A bientôt.

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        1. J’ai retrouvé le passage en langue allemande ce qui me conforte dans mon avis sur la nouvelle traduction. « De temps à autre, un pin, se déchargeant de son excès de poids, répandait dans la grisaille une poussière blanche. » est plus long, moins poétique que « De temps à autre, pour se délester de sa surcharge, un épicéa lâchait un blanc poudroiement dans la grisaille. » La nouvelle traduction, sur ce petit exemple, correspond mieux avec la phrase de Thomas Mann qui termine par blanc sur gris et non l’inverse. Merci de m’avoir permis d’affiner cette petite et modeste comparaison. Belle journée !

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  7. Oh ! mais quel souvenir de lecture que cette Montagne magique ! Quelle rencontre avec un auteur, son écriture, son univers ! Un des rares livres que je n’ai jamais relu tant son souvenir est resté vif dans ma mémoire. Cela m’a fait un grand plaisir de lire votre article. Merci.
    BONHEUR DU JOUR (http://bonheurdujour.blogspirit.com)

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    1. Merci pour votre commentaire. Je suis enchanté que mon article ait ravivé de si bons souvenirs de lecture. Il faut dire que ce livre est exceptionnel et cette nouvelle traduction met l’œuvre en valeur.

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    1. Il faut trouver le bon moment mais c’est un mes grands, grands livres ! Quelques pages et la haut dans la montagne avec Hans Castorp et son cousin, vous ne pourrez plus vous arrêter, peut-être… Mais la lecture est différente pour chacun de nous !

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  8. Bonsoir, il faudrait que je relise ce roman dans la nouvelle traduction. C’est ma maman qui m’avait conseillé de lire ce roman il y a presque 40 ans et je lui en serai éternellement reconnaissante. Bonne soirée.

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