Boris MARME, Appelez-moi César

BORIS MARME

Éditions Plon, publié en avril 2022

316 pages

« Alors, c’est qui le plus fort, hein? A genoux les gars, César, c’est moi ! »

Voici un roman au titre accrocheur découvert au salon « Livres en Loire » à Tours le 22 octobre 2022 et présenté par l’auteur comme un récit d’initiation et d’aventure… C’est le premier stand d’écrivains visité ce jour-là. Mes pas m’avaient conduit directement vers ces piles de livres portant un bandeau rouge « Prix Honoré de Balzac ». Avec cette mention il n’étais plus question de reculer. Échange sympathique avec Boris Marme, dédicace, espoir placé dans une histoire dont je ne sais absolument rien. La page blanche en quelque sorte, répondant à une incertitude identique de l’auteur : « J’espère que mon histoire saura vous toucher ».

Quelques semaines plus tard j’ouvre enfin le livre avec ce chapitre « Rien qu’un épilogue » qui curieusement commence le récit, plaçant le lecteur au dénouement ou plutôt son apparence, la vérité viendra bien plus tard… Étienne raconte sa version au policier juste après le drame : la bande d’adolescents, en conflit avec leurs accompagnateurs, s’est retrouvée seule à la tombée de la nuit en montagne et a voulu descendre tout droit à travers la forêt pour gagner du temps. Quand les policiers les ont retrouvés, ils n’étaient plus que dix, un des jeunes manquait à l’appel…

Vingt-cinq ans après ce mois de juillet 1994, Étienne ressent le besoin de raconter ce qui c’était réellement passé. Il nous présente les pièces du puzzle de ces trois semaines de camp itinérant en montagne aboutissant au drame.

« Il y avait Aristote que les autres appelaient la Tronche et Ganaël, le petit, le gamin, le collégien. Enfin, il y avait moi et il y avait Jessy, deux mondes, qu’un océan séparait encore et qui ne tarderaient pas à se rencontrer. »

J’ai été happé dès les premières pages par le récit. Il y a bien eu la surprise de ces accompagnateurs loin de mon univers personnel, ces Frère Michel et Frère Jean-Marc, professeurs au collège Notre-Dame-de-la-Miséricorde, épaulés par Mireille l’infirmière, ces gamins élèves du collège (NDM comme ils l’appellent), de quartiers « difficiles » du nord de Paris. Étienne détonne, lui vient de la banlieue aisée, plongé trop tôt dans le groupe, sa bêtise joyeuse, sa violence et ses enjeux de pouvoir avec un handicap terrible pour en adopter les codes et y faire sa place, se faire appeler César selon le jeu pratiqué cet été-là.

J’ai vite été pris par le rythme des phrases, collant au parlé jeune ou argumentant dans une écriture plus savante quand il le faut et l’art de distiller le mystère. Boris Marme réussit à émouvoir à chaque page, mélangeant la langue orale, l’érudition des citations latines et les références de la musique des ados à cette époque. Et cela fonctionne à merveille au fil des pages.

J’y retrouve un air de ces récits du Club des Cinq qui ont fait mon bonheur pendant l’enfance mais ici c’est du sérieux, avec une grosse dose de psychologie, de la belle littérature multipliant les thèmes – la Hollande, les premières fois en amour, le foot, la religion qui ne tend pas toujours l’autre joue, les drogues, le sida, le Front national, la guerre du Liban et j’en passe !!! J’y retrouve aussi les sensations vécues pendant les randonnées en montagne, la beauté des paysages, les longues heures de marche avant d’arriver à l’étape, les doutes face au chemin à suivre, le temps et ses caprices. J’ai vécu cette expérience de prendre le mauvais chemin et de devoir passer la nuit en montagne sous la petite tente canadienne, sans provision pour le dîner…

« Les portes du camion se rouvrirent sur un endroit glauque, près d’un torrent grondant, à l’orée d’une immense forêt de sapins, épaisse et sombre, qui grimpait le long des premières montagnes dont on ne distinguait pas même le haut de la cuisse tant la robe sale du ciel s’était effondrée bas. »

Tous les ados sont bien décrits et les rapports entre-eux convaincants. La mécanique du groupe est savamment examinée, expliquée, démontée. Boris Marme a vécu ces sorties en montagne mais sans le drame qui appartient à la fiction (il le dit dans les interviews…). En tant que professeur de lettres dans un lycée de la région parisienne, il a eu l’occasion d’observer ces adolescents dont il fait si bien l’étude ici.

Oui Boris Marme, votre histoire m’a touché et je vous suis particulièrement reconnaissant d’offrir aux lecteurs de telles émotions. J’aime ces rencontres sans à priori, quand la petite appréhension de départ fait place a un énorme coup de cœur.

Je souhaite vraiment que ce récit soit partagé par beaucoup de lecteurs. Je passe le relais, espérant que cette histoire saura vous toucher si vous l’achetez ou l’empruntez à la bibliothèque.

Notes avis Bibliofeel novembre 2022, Boris Marme, Appelez-moi César

9 commentaires sur “Boris MARME, Appelez-moi César

      1. Oui les belles lectures du club des 5 dans mon enfance. Il y a une dizaine d’année mes parents se sont débarrassé de mes vieux Club des 5 d’époque (achetés dans les années 70) j’étais d’accord sur le coup mais maintenant je regrette, les nouvelles versions des memes titres que j’avais adoré sont différentes et n’ont plus cette ambiance année 60/70 et certains sont a moitié en bande dessinée mais pas de la bonne bande dessinée (une page texte, une page bande dessinée) bref rien de comparable à ceux de ma jeunesse. J’avais essayé d’autres series comme le Clan des 7 etc mais le Club des 5 c’était la meilleure !

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