Michael CONNELLY, En attendant le jour

Le Livre de Poche policier, paru en mars 2020

Traduit de l’anglais par Robert Pépin

474 pages

Avec cet auteur, les titres défilent, impossible de tout lire… Après avoir pioché de temps en temps, toujours avec bonheur, dans la célèbre série Harry Bosch, j’ai souhaité découvrir la nouvelle inspectrice crée par Michael Connelly, Renée Ballard. Ce titre-là est particulier dans cette nouvelle série. Je l’ai choisi car la nouvelle héroïne agit seule dans cet épisode alors qu’elle retrouvera Harry Bosch dans les quatre opus qui vont suivre… Est-ce que cette jeune femme à moitié hawaïenne va pouvoir reprendre le flambeau ? Ma réponse est oui, sans hésitation. Elle s’en tire d’autant mieux qu’elle est associée, au quart de nuit, à un autre inspecteur nommé Jenkins, un homme toujours pressé de rentrer chez lui et d’éviter tout travail supplémentaire. Autant dire qu’il n’apparaît pas beaucoup ! Ce n’est pas le cas de Renée Ballard. Au lieu de repasser les enquêtes à l’équipe de jour, ce qu’elle est censée faire, elle va s’impliquer totalement dans deux affaires.

Pour cette première apparition, elle occupe une grande place. On la suit se défoulant au paddle, solitaire, vivant souvent dans son van, juste accompagnée de sa chienne Lola, visitant sa grand-mère « tutu ». J’ai adoré découvrir ce nouveau personnage, le talent du maître du polar éclate une fois de plus, pas étonnant qu’il soit un des auteurs de roman policier les plus lus au monde. On en sait plus en fin de volume, dans la page remerciements : « L’auteur tient à remercier bien des gens pour leur aide dans la création de Renée Ballard et la conception du roman. Je dois tout d’abord beaucoup à l’inspecteur du LAPD Mitzi Roberts, qui de plus d’une façon m’inspira le personnage de Renée. » Il a expliqué dans les interviews s’être beaucoup inspiré de la vie et de ce que lui a raconté cette détective de la police de Los Angeles qui, comme Renée, travaille de nuit. Elle est très obstinée et révoltée par l’injustice. Elle a adopté un chien et fait du surf.

Deux enquêtes sont menées en parallèle. On passe de l’une à l’autre sans difficulté, parcourant Los Angeles et sa banlieue, comme d’habitude avec Connelly. Le texte est fluide, vraisemblablement aidé en cela par la qualité de la traduction.

Renée Ballard a été victime de harcèlement par son supérieur Olivas et compte bien avoir sa revanche. Intéressant pour moi que la justice passe par ce regard-là. Une des deux affaires concerne l’agression d’une prostituée transgenre nommée Ramon Guttierez, et le moins que l’on puisse dire c’est que Renée Ballard exprime beaucoup plus d’empathie et de motivation pour retrouver son agresseur que ses collègues masculins. Écrit avant l’affaire Weinstein en 2017, ce roman parle du harcèlement sexuel et des obstacles que doit surmonter une femme dans la police de Los Angeles. Renée est plus empathique que Harry Bosch, elle cherche davantage à essayer de comprendre pourquoi les gens ont agi d’une certaine façon… Le roman y gagne en profondeur tout en gardant suffisamment d’action pour donner envie de tourner vite les pages.

« La police avait réussi à arrêter deux suspects et les avait déférés devant un tribunal pour meurtre. C’était Ballard qui avait couvert l’audience préliminaire contre les accusés. Lors de son témoignage, l’inspecteur en charge de l’affaire avait relaté les innombrables tortures et indignités endurées par la victime avant sa mort. Au point qu’il avait fondu en larmes à la barre. Il n’y avait pas de jurés à cette audience du tribunal des mises en accusation, seulement un juge qui allait devoir décider si l’affaire serait ou ne serait pas jugée. Mais à voir cet inspecteur pleurer ainsi, Ballard avait compris qu’elle ne voulait plus se contenter d’écrire des articles sur des crimes et des enquêtes. Dès le lendemain, elle avait demandé à entrer à l’école de formation du LAPD. Elle voulait être inspecteur. »

Au passage on a droit à un clin d’œil au célèbre inspecteur qui a précédé Renée Ballard quand celle-ci découvre que Haddel, une des victimes de la boîte de nuit « Le Dancers », a eu quelques rôles au cinéma :

« Elle semblait abonnée aux rôles de filles de bar. Elle en avait incarné une dans un épisode de la série Bosch qui, Ballard le savait, avait pour thème les exploits d’un inspecteur du LAPD maintenant à la retraite, mais qui avait travaillé aux Vols et Homicides et au Bureau des inspecteurs d’Hollywood. »

Voici une excellente lecture pour l’été. Je la conseille à ceux qui ont aimé Harry Bosch, ils pourront trouver ici des thématiques nouvelles avec cette inspectrice sympathique et efficace. Les femmes et le féminisme y trouvent une belle place. Dans les titres suivants elle est accompagnée de… Harry Bosch. Du coup, je ne sais pas trop si j’ai envie de les lire alors que cet inspecteur un peu trop en vue – mais rapportant maintenant beaucoup de dollars – est censé avoir pris sa retraite… A son âge, il pourrait trouver d’autres occupations que d’aller se confronter aux criminels et passer le relais à sa jeune collègue.

Notes avis Bibliofeel août 2022, Michael Connelly, En attendant le jour

7 commentaires sur “Michael CONNELLY, En attendant le jour

  1. Pas du tout lecteur de roman policier, même si j’apprécie dans ce genre le personnage qui enquête. Une sorte de quête de justice associée à une intelligence de déductions, de savoir faire et d’intuitions qui rend ces enquêteurs attachants, maniant pour certains l’humour.
    Tu me donnes, moi aussi, l’envie de découvrir cette Renée par la place qu’elle accorde à résoudre une affaire qui pour d’autres serait « sans importance ». Une prostituée, transgenre en plus! On a autre chose à faire… Le fait de vouloir comprendre pourquoi les gens ont agi de telle façon est à lui seul l’intérêt majeur de son enquête. la différence assumée des autres suscite parfois des violences de la part de gens qui se considèrent comme exemplaires et purs… L’humain un grand mystère sur lequel on a pas fini d’enquêter… 🙂
    Merci pour ce choix et ce partage

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    1. Tu as bien défini le roman policier, au moins celui que j’aime lire de temps à autre. Il n’y a pas vraiment de frontière avec le roman. La classification peut être arbitraire et relever simplement d’un choix d’éditeur. Quand on suit un enquêteur, ou une enquêtrice (plus rare), sur une longue série, je me sens dans le polar. Il y aussi les thrillers, de plus en plus à la mode, avec des enquêteurs peu sympathiques et sans humour (pour le peu que je connais…). L’adrénaline prime, pas la volonté de comprendre. Ce n’est pas pour moi… Au dessus de mes forces !

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