EDITIONS ALLIA août 2017
Ce livre est un objet bien singulier et une œuvre atypique, un beau roman d’amour et en même temps un témoignage précieux qui permet d’observer l’histoire de la Chine sur un demi-siècle. Cette édition m’a énormément touché car la vie de Jean-François Billeter est indissociable de la Chine et indissociable de Cui Wen, la femme qu’il a rencontrée lors de ses voyages dans ce pays inconnu, cette Wen qu’il a aimée toute sa vie et avec qui il a mené un travail universitaire de haut niveau.
On a là une vision de tout ce qui peut faire qu’une vie, à travers des choix singuliers, peut devenir ensuite par l’écriture une création et une œuvre d’art pouvant faire sens pour le lecteur.
C’est émouvant à chaque page et on en apprend beaucoup grâce à ce grand connaisseur de la Chine – il y a consacré toute sa vie – qui nous permet d’approcher la réalité en restituant, il me semble, ses souvenirs sans romancer. On est bien loin de l’autobiographie de Romain Gary dans « la promesse de l’aube », où l’auteur joue avec ses souvenirs. Ici on a une autobiographie toute autre, très méticuleuse, un homme qui cherche à retenir le temps et à prolonger le bonheur vécu avec Wen.
Il commence ainsi et je trouve que ce début donne envie de découvrir quelle a été cette rencontre : « CETTE RENCONTRE a eu lieu il y a un demi-siècle. Je ne l’ai pas raconté jusqu’à ce jour parce que je ne savais pas comment m’y prendre. Je le fais maintenant pour qu’une trace subsiste d’évènements qui ont tant marqué ma vie. » Simple et belle entrée en matière !
On découvre en deux ou trois pages magnifiques que l’auteur, après avoir passé une année à se chercher, dit-il, puis une année de langue chinoise en 1962, va partir étudier la langue en Chine dans les années 1963 à 1966, soit trois années d’immersion dans un pays très fermé à cette époque.
Il rencontre alors Wen – « Il y eu ensuite notre excursion au Ravin des cerises (Yingtaogou). » – qu’il épouse en Chine et avec qui il passera toute sa vie avant de lui consacrer ce livre après le décès de celle-ci en 2012. Une entreprise qui croise les différences de culture et les destins personnels avec en toile de fond la période maoïste et le début de la révolution culturelle.
« J’ai aussi tenté de suggérer ce qu’est l’histoire vécue. Les historiens ne peuvent le faire, car ils viennent après et connaissent la suite… Ils ne peuvent pas restituer l’angoisse et les espoirs de ceux qui sont pris dans l’histoire en train de se faire ».
Après les trois années passées en Chine, ce sera le retour en Suisse avec Wen. Ils enseigneront le chinois à Paris, puis l’auteur apprendra le japonais car, à défaut de pouvoir repartir en Chine pour terminer ses études, ils choisiront d’aller pendant deux ans au Japon. Wen n’aura aucune nouvelle de sa famille pendant cinq ans, leur premier retour dans son pays aura lieu en 1975. Les derniers chapitres sont consacrés à l’histoire de la famille racontée entre autre par le frère de Wen.
C’est un beau petit livre à la couverture très agréable, douce au toucher, 150 pages d’une magnifique typographie, un livre précieux par la belle et simple écriture de l’auteur cherchant tel un scientifique à restaurer le passé.
Jean François BILLETER a écrit dans un autre petit livre de 92 pages, tout aussi beau et doux, une suite concernant les impressions au jour le jour après le décès de Wen. Très différent mais tout aussi intéressant « Une autre Aurélia » fera l’objet d’un article séparé sur ce blog afin de respecter l’œuvre avec un premier livre pour les souvenirs des années heureuses de la rencontre puis un autre livre pour le travail de résilience.
Jean François BILLETER est né à Bâle en 1939. Il est sinologue, essayiste et professeur d’université à Genève et Zurich. Il a écrit sur l’art chinois de l’écriture ainsi que des ouvrages plus philosophiques sur la pensée chinoise. Il a mis au point avec Cui Wen une façon d’enseigner le chinois qui a fait ses preuves depuis et que celle-ci n’a ensuite cessé de perfectionner au fil des années de collaboration avec son mari.
Notes avis bibliofeel octobre 2019, Jean-François Billeter, Une rencontre à Pékin
Merci pour cet article.
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J’adore ce livre et cette belle photo de Wen. Je termine l’article sur « Une autre Aurélia », que j’ai aussi plaisir à mettre sur ce blog ! Bonnes lectures…
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Hello ! Si vous désirez toquer à la porte de mon blog devenu en usage restreint (autorisation nécessaire pour être admis la première fois après plus besoin) je vous ouvrirais ! Amicalement Nowo
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Oui j’accepte volontiers. J’ai beaucoup apprécié vos articles et votre plume !
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Il n’y a plus qu’à demander l’autorisation d’entrer…..
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C’est fait ! À bientôt sur nos blogs
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Message reçu.
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